vendredi 13 août 2010

"Djinns" méritait-il de sortir dans plus de salles ?

Jeudi soir je me suis engouffré au dernier sous-sol des Halles pour voir Djinns dans l’une des deux seules salles parisiennes à diffuser le film de Hugues et Sandra Martin. A l’époque où le film avait été annoncé, je n’imaginais pas qu’à sa sortie, le choix pour le voir serait restreint au cinéma du 1er arrondissement et au Gaumont Aquaboulevard, et que seuls une vingtaine de cinémas projetteraient le film dans le reste de la France. Un film de genre français avec Grégoire Leprince-Ringuet, Thierry Frémont et Saïd Taghmaoui mêlant la présence française en Algérie et le surnaturel, je ne le voyais pas finir en plein été à la limite de la sortie technique.

Alors quoi, SND, on ne croit pas au film de genre français ? On regrette d’avoir mis la main sur le film ? Est-ce donc un scandale que Djinns soit condamné à être vite oublié au milieu de l’été ? Les deux premières questions ce n’est pas à moi d’y répondre, mais je veux bien tenter ma chance sur la troisième. Est-ce un scandale ? Djinns est-il un énième film de genre français qui mérite bien plus que l’exposition qu’on lui offre ? Sur le principe, je suis pour qu’on donne un coup de pouce au cinéma de genre hexagonal. Il est en général bien trop mal traité par les distributeurs et les spectateurs, ne nous voilons pas la face, pour ne pas l’encourager et le faire exister, même s’il n’est pas toujours à la hauteur des attentes que l’on peut placer en lui.

Malheureusement, après avoir vu Djinns, je n’ai pas particulièrement envie de gueuler « Merde, un super film fantastique français piétiné par son distributeur !! Bande de gougnafiers !! ». Non, honnêtement, je n’ai pas envie de hausser le ton (et encore moins d’utiliser le terme gougnafiers). Ce que je dois absolument reconnaître à ce premier film, c’est une maîtrise formelle remarquable compte tenu du petit budget avec lequel il a été conçu. En d’autres termes, Djinns a de la gueule. Visuellement, le film n’a pas grand-chose à envier aux productions américaines réalisées avec des dizaines de millions de dollars de plus. Les décors sont soignées, la photo est belle, il n’y a pas, techniquement, de laisser-aller.

Mon problème avec Djinns, c’est que je n’ai pas grand-chose de plus à dire pour soutenir le film. J’aimerais dire qu’il est mystérieux, haletant, flippant, étonnant, intrigant, détonnant. J’aimerais pouvoir utiliser n’importe lequel de ces adjectifs, mais j’en suis bien incapable. Djinns est une belle coquille vide. Pour attiser le spectateur potentiel, on pourrait dire que le film prend place en Algérie en 1960. Qu’une section de militaires français est chargée de partir explorer le désert pour retrouver un avion porté disparu, et que sur le chemin du retour, ils tombent sur des créatures fantastiques décidées à causer leur perte. Oui, on pourrait le présenter comme cela.

Le problème, c’est qu’à l’écran, on est loin d’avoir un film aussi excitant qu’on l’attendait. Les réalisateurs semblent n’avoir rien à raconter. Le contexte algérien est-il intéressant ? Non, il n’est pas du tout exploité (non non, même cette fin-là ne donne pas un film sur l’Algérie). L’intrigue fantastique est-elle prenante alors ? Pas plus. Le temps est long, entre deux trois répliques bien trouvées. Le fin mot de l’histoire est prévisible, les créatures ne font pas peur, (rien ne fait peur en fait), il n’y a aucune tension, aucune empathie pour les personnages, qui sont tous des caricatures sans surprises (il y en a même un dont on ne sait pas ce qu’il advient en cours de route…). Rien. Le scénario avance sans que l’on se prenne jamais de passion pour l’histoire qui nous est racontée, sans que l’on frissonne jamais devant le danger encouru. Au bout du compte, la question se pose. Que voulaient faire les réalisateurs avec Djinns ? Car là je ne vois pas, le film ne marche à aucun niveau. Aucun genre abordé ne fonctionne. En plus les réalisateurs laissent Thierry Frémont partir en roue libre, et ça, ce n’est jamais bon…

Je crois au mélange des genres. Je crois dans le cinéma de genre français audacieux, sachant faire coexister du fantastique et de l’historique. Je crois en Hugues et Sandra Martin, qui montrent de belles aptitudes à mettre en image. Mais je crois aussi que Djinns est un film raté dont le scénario n’est pas le moins du monde à la hauteur de ses qualités visuelles. Il faudra aux réalisateurs se remettre de l’échec programmé du film, et s’appuyer sur un scénario plus solide pour leur second. Rendez-vous est pris.

10 commentaires:

I.D. a dit…

Bon bah ce ne sera pas encore pour cette fois-ci.

Justement, je voulais t'interpeller sur ce film ce matin, à savoir si tu l'avais vu ou si tu pensais aller le voir, j'ai donc ma réponse.
Je lisais en plus de certaines critiques que tu soulignes qu'il y avait un vrai problème de montage aussi. Dommage parce qu'en France on manque cruellement de film de genre, c'est bien qu'il y ait des essais mais pour reprendre une image sportive il s'agirait maintenant de les transformer.

Finalement qu'il soit projetté dans seulement 2 salles en plein été c'est peut-être bien mérité. Pourtant y avait du cast' intéressant...

David Tredler a dit…

Le potentiel était là c'est évident, c'est vraiment dommage.
Heureusement, on a toujours le souvenir de "Martyrs" pour se consoler et se dire qu'il y a des films de genre français qui n'ont pas déçu ;)

I.D. a dit…

Ouh là, ne rentrons pas dans ce débat mon cher ami. Je n'ai justement pas aimé Martyrs. Il y a de bonne chose, certes mais l'histoire de ce groupuscule qui oeuvre pour ce que tu sais (j'évite de SPOILER), j'ai trouvé ça très naze.
J'y vais peut-être un peu fort avec le fait de dire que je n'ai pas aimé, c'est la déception qui parle. Mais moi, la Jampanoï qui n'arrêtait pas de brailler, j'en pouvais plus ! Je voulais lui mettre une droite pour qu'elle cesse, c'est pour dire. Mais on a du déjà en causer sur le billet de ce film, s'il y a eu ici. J'avoue une chose. La scène d'ouverture était tout bonnement génial, du grand. Après couci-couça.
Le film de genre mouvance horrifique en France, pas terrible, je pense notamment à Frontière(s), il était laid ce film. 2-3 bonnes idées mais à par Le Bihan qui se fait trucider, rien de bien jouissif ! ;) Je hais Le Bihan ! :)

PS : sympa le nouvel habillage. D'où sors-tu la photo à en-tête du titre I.B.C.

David Tredler a dit…

Je connais ton sentiment sur Martyrs, I.D., c'est justement pour cela que je le citais en ajoutant un p'tit clin d'oeil ^^
On en a déjà causé en effet, je ne relancerai pas le débat !

Il était grand temps que je donne un nouveau à l'IBC, ça commençait à ronronner. Pour la photo en-tête, je suis resté dans l'univers du plus grand réalisateur vivant, comme la précédente... mais avec son film le plus récent (t'as trouvé j'espère ;))...

Leah Marciano a dit…

Si je puis me permettre, Frontière(s) c'est complétement jouissif <3

David Tredler a dit…

Permets-toi, Leah, I.D. le prendra pas mal^^

I.D. a dit…

Oh oui voir Le Bihan se faire trucider comme il se fait trucider c'est juste monumentale ! Et on en redemande ! :) Malheureusement, ils sont peu nombreux ces moments-là mais l'idée était intéressante seulement je la trouve mal exploité. Je suis tout de même content que ce genre de film existe dans notre panorama.

David Tredler a dit…

Plus on en fait, plus on s'améliore dans le genre, il faut y croire^^

I.D. a dit…

Il aura fallu le temps mais je l'ai enfin vu !

Je suis surpris que le film ne soit pas un DTV, vraiment. Il a eu de la chance de sortir au moins dans deux salles. Sinon, je te rejoins sur ton avis exprimé dans le billet. Une jolie coquille vide. Bref. Je ne vais pas commencer à te parodier aussi bien dans les aspects positifs que négatifs du film. N'empêche le rendez-vous est également pris avec le deux cinéastes en ce qui me concerne. Y a du potentiel.

David Tredler a dit…

Ravi que tu me rejoignes sur Djinns, ID ! ;)

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