mardi 21 avril 2009

Prédictions : de la SF audacieuse derrière la perruque de Nicolas Cage ?

Dimanche, 22h aux Halles. Après une journée ensoleillée, pas grand monde pour se presser aux portes du cinéma et s’enfermer dans une salle obscure. Je profite de cette tranquillité pour enfin voir Prédictions, un film qui a été plus d’une fois cause de railleries ces dernières semaines pour le fait évident que c’est le nouveau thriller SF à moumoute de Nicolas Cage. Qui peut en vouloir à de tels à priori après avoir jeté un œil sur la filmographie récente du neveu à Coppola ? C’est vrai qu’entre Ghost Rider, Next et Bangkok Dangerous, les craintes étaient légitimes.

Pourtant aussi incroyable que cela puisse paraître pour certains, le nouveau film SF à moumoute de Nicolas Cage est bien plus que cela. Parce qu’avant tout, c’est un film d’Alex Proyas. Et Proyas a beau être connu du grand public pour avoir réalisé le mollasson I, Robot avec Will Smith, c’est surtout l’homme à qui l’on doit une véritable perle du cinéma de genre des années 90 : Dark City. Non je rassure les purs réfractaires, voilà plus de 10 ans qu’on attend de la part de Proyas un film à la hauteur de son bijou, et Prédictions n’est toujours pas ce film.

Pourtant… pourtant Prédictions n’est pas, loin s'en faut, la bouse qu’un trop rapide jugement laisserait entrevoir. Le film n’est pas un projet qui date d’hier à Hollywood. Il y a plusieurs années, au sortir du culte acquis par Donnie Darko, Richard Kelly avait annoncé travailler sur ce script qu’il comptait mettre en scène. Il est finalement parti sur autre chose, le scénario a circulé, a été remanié par nombre de scénaristes, et s’est un jour vu confié à Proyas, qui n’est donc pas à l’origine du projet, et n’en n’a pas signé le scénario.

Le pitch de Prédictions est simple et excitant : Un scientifique met la main sur une série de chiffres, écrite 50 ans plus tôt par une enfant, qui après analyse semble avoir annoncé les catastrophes majeures des cinq décennies écoulées… la date, le lieu, le nombre de victimes. Saura-t-il empêcher les catastrophes réstantes ?

Prédictions a beau ressembler à une commande pour Alex Proyas, le film porte la marque d’un cinéaste singulier osant sortir des sentiers battus. Au-delà de sa mise en scène diablement efficace (les séquences « catastrophes » sont vraiment saisissantes), Proyas parvient à instiller une atmosphère et un ton qui, alliés à un scénario certes imparfait mais audacieux, nous emmènent là où on ne s’y attend pas. Ou plutôt là où l’on se dit qu’il ne pourra oser aller.

Pourtant il y va. Prédictions, s’il commence comme un classique (quoique très solide) thriller surnaturel hollywoodien, glisse peu à peu vers le pur fantastique, à la limite du frisson (avec une musique lorgnant vers Bernard Hermann et une ambiance digne de la bonne SF des années 50), pour se terminer… dans un suspense mystico-apocalyptique tendance biblique hésitant entre le démentiellement génial et le totalement ridicule (je vous assure). D’où quelques rires fusant dans la salle lors du dénouement. Pourtant rares ont été les films hollywoodiens ces dernières années à oser un tel glissement narratif, et une noirceur aussi brusque dans leur dénouement (Terminator 3 et The Mist en sont des exemples, certes bien plus réussis). Pas étonnant, à la vue de la forte thématique apocalyptique, que Richard Kelly, cinéaste de l’Apocalypse s’il en est, ait caressé l’idée de mettre en scène ce film.

Alors oui, Prédictions a beau être le nouveau thriller SF moumoute avec Nicolas Cage, et être bancal sur les bords, mais il mérite amplement que l’on s’y attarde, au nom d’une science-fiction rarement aussi jusqu’au-boutiste.

5 commentaires:

Michael a dit…

Il a fait beau dimanche ? M'en rappelle plus... ;)

Michael a dit…

Je ne suis pas sûr que le simple fait de terminer sur une fin apocalyptique soit jusqu'auboutiste. Car finalement ce qu'on retient, c'est la dernière image qui reste positive (le sacrifice, la reconstruction etc.)

THE MIST, par exemple, était jusqu'auboutiste car le total opposé : la note positive apparente était au final extrêmement négative (perte de l'espoir etc.).

David Tredler a dit…

Oui, crois-en quelqu'un qui n'était pas au cinéma, il a fait beau dimanche ;-)

Bien sûr que l'image du sacrifice et de la reconstruction amenuise la noirceur du dénouement. Cela donne au film une pleine dimension mystique et biblique étrange qui peut être percue comme ridicule.

C'est une forme de jusqu'auboutisme différente mais tout de même forte et intéressante de celle de THE MIST. Mais on est évidemment bien loin du choc THE MIST, on est d'accord.
Mais tout de même, ATTENTION SPOILER l'éradication de la vie sur Terre avec 6 milliards de morts dont le héros, je trouve ça assez gonflé dans un film hollywoodien ;-)

Michael a dit…

C'est vrai, je te l'accorde... Ca m'a, il est vrai, assez étonné. Mais pas vraiment "choqué".

David Tredler a dit…

Mais je n'ai pas employé le terme "choqué" cher ami ;-)

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