lundi 27 avril 2009

Un week-end au ciné - Chapitre 4

Dans les jours qui viennent, je risque de passer de nombreuses heures dans les salles obscures pour cause de vacances parisiennes. Rien de tel que profiter, de temps à autres, de quelques jours tranquilles dans la capitale, et au détour des jours se brûler la rétine au plus près des écrans. Ce week-end, quatre longs-métrages m’ont attiré à eux, de l’évidence de saisir l’opportunité de découvrir un inédit asiatique à la comédie française dans toute sa splendeur. Entre les deux, un samedi réservant d’agréables surprises.

Vendredi soir, le centre culturel coréen organisait sa projection cinéphile mensuelle. Comme d’habitude accès gratuit et comme d’habitude, les bonnes places étaient chères de par la petite capacité de la salle (ne pas arriver en avance revient à accepter d’emblée d’être très mal placé). J’ai réussi à me caler au troisième rang (trop loin à mon goût) entre deux têtes, pour The show must go on, seconde réalisation du jeune cinéaste Han Jae-rim après la comédie romantique loufoque Rules of Dating datant de 2005. Sortie il y a deux ans dans sa Corée du Sud d’origine, cette comédie mafieuse suit les pérégrinations d’un sous-chef de la pègre locale, tiraillé entre ses obligations professionnelles et ses aspirations familiales.

Plus réussi dans l’approche comique que dans ses aspirations dramatiques, The show must go on, trop débraillé mais bouillant d’énergie, vaut avant tout pour la composition centrale de Song Kang-Ho, qui s’affirme de film en film comme l’un des tout meilleurs comédiens qui soit, toutes nationalités confondues. Sa présence en prêtre vampirisé dans le nouveau Park Chan-Wook fait saliver d’avance…

Samedi après-midi, direction l’inévitable UGC Ciné Cité Les Halles pour une double après –midi ciné, entamée par Erreur de la banque en votre faveur. A la base, ce genre de comédie frenchy n’est pas ma tasse de thé. D’autant que mon pote Michael a beau me claironner que leur scénario de La vérité si je mens 2 était un petit bijou, moi jusqu’ici le talent d’écriture de Gérard Bitton et Michel Munz ne m’avait vraiment pas impressionné. Tout comme leurs deux premiers films en tant que réalisateurs, Ah ! si j’étais riche ! et Le cactus, deux comédies classiques, pépères, et vite oubliées (surtout la première). Alors forcément, Erreur de la banque n’était pas vraiment sur mon radar. Mais voilà, si de mauvaises critiques ne m’empêcheront jamais d’aller voir un film que je désire voir, les bonnes en revanche peuvent faire naître, à défaut de désir, de la curiosité autour de certains films.

C’est ce qui est arrivé avec Erreur de la banque, les larges échos positifs, du public et de la presse, ont eu raison de mon manque d’enthousiasme, et m’ont poussé à rattraper mon retard. Et effectivement bien m’en a pris. Les aventures amicalo-boursières de Gérard Lanvin et Jean-Pierre Darroussin s’avèrent souvent jubilatoires, écrites avec un esprit comique indéniable, rythmées, fines, et peu avares en rebondissements et quiproquos tordants. Une belle preuve que la comédie franchouillarde peut ne pas être beauf.

Le second film de la journée a lui aussi prouvé quelque chose. Il a prouvé que Zac Efron n’attire pas que des adolescentes surexcitées de 14 ans pour son film 17 ans encore. Car à mon grand étonnement, dans la grande salle 6 des Halles, samedi à 18h10, point de midinettes à l’horizon pour crier leur amour au nouveau beau gosse hollywoodien, mais plutôt un public de 20/30 ans, probablement attiré comme moi par le pitch à échos très 80’s, à savoir un homme insatisfait par la tournure qu’a pris sa vie qui se voit offrir la chance de retrouver ses 17 ans. Il y a du Big et du Peggy Sue s’est mariée dans l’idée de base de cette comédie, le second film de Burr Steers après le méconnu mais non moins réussi Igby sorti il y a quelques années.

Non, il ne s’agit pas d’un High School Musical 4, bien heureusement. Si 17 ans encore manque certes grandement de subversion et de trouvailles réellement novatrices, le pitch est plutôt bien exploité et Efron, au-delà de son statut d’idole des adolescentes, tient plutôt bien son rôle. Mais surtout le film a dans sa manche un atout indéniable qui fait tout son sel : Thomas Lennon, second couteau hilarant plus connu pour être la tête d’affiche de la série et du film Reno 911. Le comédien campe ici le meilleur ami geek jusqu’au bout des ongles qui arrache des fous rires à chacune de ses apparitions, entre oreilles de Spock, sabres laser et parlé elfique. Il n’y a donc aucune honte à aller voir 17 ans encore. Si vous voulez une dernière caution de coolitude, Leslie Mann, femme et égérie de Judd Apatow, le roi de la comédie US in, y tient le premier rôle féminin.

Le week-end ciné s’est achevé dimanche en beauté, dans l’incontournable salle 1 des Halles, qui programmait OSS 117 : Rio ne répond plus. Il y a trois ans, OSS 117 : Le Caire, nid d’espions avait convaincu public, critiques et professionnels (via les Césars), révélant les grandes qualités de comédien de Jean Dujardin, et surtout le talent immense de Michel Hazanavicius et son co-scénariste Jean-François Halin, qui revisitaient la comédie d’aventures « à la française ». Le succès a engendré cette suite au décor brésilien tout aussi jouissive. Plus qu’une suite, il s’agit véritablement d’une nouvelle aventure, dans le même ordre d’idée qu’un nouveau James Bond n’est pas la suite du précédent (sauf dans le cas du plus récent bien sûr).

OSS 117 a pris une quinzaine d’années et se voit envoyé en mission au Brésil en 1968 pour retrouver un ancien Nazi faisant chanter la France du Général. Plus benêt, arrogant, pathétique, misogyne, condescendant et raciste que jamais, Hubert Bonisseur de la Bath nous offre un festival de rire. Les dialogues écrits au couteau, la caricature toujours plus forcée d’une certaine France, Hazanavicius nous régale de bout en bout (malgré quelques longueurs lorsque l’on passe quatre minutes sans un fou rire). Son film est peuplé de clins d’œil, de gimmick (mention spéciales aux chinois apparaissant à chaque coin de rue de Rio pour venger un frère, un père ou un cousin trucidé dans la séquence d’ouverture) et de private jokes si riches qu’on en sort avec l’impression d’en avoir raté la moitié à cause des spasmes de rires.

Dujardin ne s’est pas encore montré convaincant en dehors des habits de l’espion français, mais dans ce costume, il est rayonnant, faisant montre d’un talent comique immense, dans sa gestuelle et son sens du rythme.

Et puis franchement, ouvrir son film sur une chanson de Dean Martin, et le conclure, sous le ciel de Rio, par « Everybody Loves Somebody », du même Martin, ne peut qu’être la marque d’un long-métrage remarquable. Vivement une troisième aventure (en Chine ?) !

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