En France, sans surprise, distributeurs et exploitants jouent les frileux et garantissent à ces bijoux d’humour d’être introuvables en salles deux semaines après leur sortie. Le mois dernier, Adam McKay, Will Ferrell et John C. Reilly s’étalaient avec délectation dans l’énormité, le graveleux et l’absurde dans l’irrésistible Frangins malgré eux. Un festival de gags qui assuraient fous rires à répétition.
Le 3 décembre, ce fut au tour de Délire Express (qu’on aurait préféré voir s’appeler « Ananas Express », comme le titre original), uniquement visible en VO à l’UGC Orient Express, au dernier sous-sol des Halles, cinéma incontournable pour qui est friand de comédies US. Le lundi 8, soit 5 jours après la sortie du film, la sentence tombait sur le site web d’UGC : Délire Express ne serait plus à l’affiche du cinéma deux jours plus tard. Ne l’ayant toujours pas vu, je m’y précipitai le mardi soir.
Programmé dans la « grande salle » (pas plus de 130 ou 140 places quand même), la séance était bien remplie, probablement par d’autres amateurs de comédie US ne tenant pas à rater ce délire. Car en plus d’être la nouvelle production Apatow, écrite par Seth Rogen et Evan Goldberg (le duo à qui l’on doit Supergrave), Délire Express est réalisé par David Gordon Green, qui jusqu’ici avait bâti une carrière le dessinant comme l’héritier direct de Terrence Malick, un cinéaste du Sud offrant un souffle poétique à ses drames « campagnards » (All the Real Girls ou le sublime L’Autre Rive).
Étrange donc de retrouver le cinéaste aux commandes d’un buddy-movie tendance stoner, dans lequel un dealer de marijuana et son meilleur client, qui s’est malencontreusement trouvé témoin d’un meurtre, sont pourchassés par des tueurs qui veulent les réduire au silence. Pour compenser la déconvenue du placement d’Australia quelques jours plus tôt, direction le premier rang pour être tranquille et en plein dans le film.
Plus qu’une simple comédie délirante, cet Ananas Express (ça sonne quand même mieux) restera comme l’une des meilleures comédies US de ces dernière années. Transcendant la comédie pure, le scénario de Rogen et Goldberg tisse un vibrant hommage au buddy-movie, genre mille fois vu mais rarement aussi juste et inspiré qu’ici.
Peut-être parce qu’un bon buddy-movie nécessite deux personnages à priori antagonistes mais chacun attachant à sa façon, ce qu’offre Délire Express. Peut-être parce qu’un bon buddy-movie doit nous entraîner dans des aventures folles pleines d’action et d’humour, ce qu’offre Délire Express. Peut-être parce que les personnages secondaires sont au moins aussi importants que les héros, trouble-fêtes prêts à voler la vedette, ce qui est le cas dans Délire Express. Certainement parce que Délire Express, comme Supergrave l’année dernière, raconte l’amitié masculine comme une histoire d’amour, offrant saveur et hilarité à foison.
James Franco vient de décrocher une nomination au Golden Globe du Meilleur Acteur dans une comédie pour son rôle de Saul le dealer un brin à côté de la plaque. Une distinction amplement méritée, dont je regrette seulement que n’y soit pas associé une nomination au Meilleur Second Masculin pour Danny McBride, alias Red, le pote lâche qui brandit ce credo inoubliable : « Les potes avant les putes ! ». Si vous ne connaissez pas McBride, je vous en reparle trèèèès bientôt.
P.S. : en deuxième semaine, le film n'est plus qu'à l'affiche de deux salles en France, contre une cinquantaine en première semaine...
2 commentaires:
Bros before hoes !!! CULTE !
Et bien sûr entièrement d'accord avec toi !
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