dimanche 1 mars 2015

Que vais-je bien pouvoir raconter... ?

La question me tiraille en cette soirée où j’ai 30 minutes devant moi et où je sens que je pourrais en profiter pour taper sur mon clavier mettra à jour mes explorations cinéphiles. Le problème c’est que si j’écris peu ces derniers mois, je continue à aller toujours autant au ciné, et que des pérégrinations cinéphiles, j’en ai à raconter, trop. Alors qu’écrire ?

Peut-être pourrais-je raconter cet instant pendant la projection de « Une merveilleuse histoire du temps » où la salle, voyant tout à coup apparaître à l’écran dans ce film « prestigieux » visant les Oscars l’ex-footballeur Franck Leboeuf, prêtant ses traits au SEUL personnage français du film, explosa de rire. De tous les acteurs potentiels à la disposition de la production, c’est Franck Leboeuf qui a été choisi. Et une salle remplie de français ne peut évidemment s’empêcher de trouver cela drôle. J’aurais aimé que James Marsh, le réalisateur, voie son film en présence d’un public français pour voir sa propre réaction à nos rires.

A moins que je ne décrive ma déception à la découverte de « Jupiter, le destin de l’univers », l’un des films que j’attendais le plus en ce début d’année, déception de voir les Wachowski, au-delà de leur imagination visuelle toujours riche, se réfugier derrière un récit aussi éculé et des personnages aussi fades et prévisibles, sauf peut-être ce méchant incarné avec une retenue emphatique (si si c’est possible) par Eddie Redmayne justement, talentueux jeune acteur certes, mais qui a malgré tout piqué son Oscar à Michael Keaton, bluffant dans le virtuose - même si un peu creux - « Birdman »

De toute façon maintenant c’est trop tard pour commenter les Oscars et les César, moins les vainqueurs que les oubliés des nominations. Où donc étaient passés « La Grande Aventure Lego », « A Most Violent year » et « Inherent Vice » aux Oscars ? Et en France, personne à l’Académie n’avait donc vu « Au bord du monde », « Eden », « Tonnerre », « Maestro » ou « 3 Cœurs » ?

Défendre un film alors. Peut-être n’est-il pas encore trop tard pour vous pousser à aller voir le jubilatoire « Hard Day » ou l’étonnant « L’affaire SK1 », deux films qui n’ont pas eu la carrière qu’ils méritaient au box-office, en partie parce qu’ils ont eu le tort malheureux et imprévisible de sortir un funeste 7 janvier 2015. Pas trop tard non plus pour vous parler de Mark Ruffalo, acteur solaire dans « Foxcatcher », certes moins surprenant mais tout aussi important que Steve Carell. Ou ceux dont je suis sûr qu’ils sont encore à l’affiche, le glaçant « Snow Therapy », le délicat « Félix et Meira », ou le délicieux « Bons à rien » de Gianni DiGregorio, dont les films me donnent invariablement envie de voyager jusqu’à Rome. La capitale italienne n’est pas si loin de Paris, je devrais bien y arriver un jour.

J’ai lu tellement de choses qui m’ont fait tiquer dans la cacophonie qui entoure la sortie de « American Sniper » de Clint Eastwood que je pourrais aussi bien y ajouter mon grain de sel. Il faudrait donc que je traduise en mots mes haussements de sourcils répétés lorsque je lis que certains voient dans le film une hagiographie et trouvent qu’Eastwood a fait de Kyle un personnage sympathique. Ou plus que tout lorsque je lis que le film est belliqueux, une remarque qui me donne envie de leur proposer de retourner voir le film en m’inquiétant qu’ils s’y soient peut-être endormis. Mais ils me répondraient certainement à l’inverse que JE m’y suis endormi. C’est de bonne guerre.

Oublions un peu la polémique alors. Peut-être vaut-il mieux y aller de quelques phrases à propos de Marilyn Monroe, Clark Gable et Monty Clift effectuant leur dernière danse (ou presque) sous les yeux de celui qui était encore vivant il y a quelques mois, Eli Wallach, le tout devant la caméra de John Huston. Une projection qui m’a rappelé que pendant des années, j’avais dans ma chambre, épinglée au-dessus de mon lit, une belle photo de Marilyn au milieu du désert pendant le tournage du film. « The Misfits », film avec Marilyn vu dans la salle Marilyn de la Filmothèque, un clin d’œil toujours amusant.

Et puisque l’on parle d’amusement, voilà un autre chapitre de ces dernières semaines que je pourrais ouvrir, celui de l’avant-première d’ « Inherent Vice » de Paul Thomas Anderson à l’Arlequin. Peut-être devrais-je vous en raconter tous les détails de cette soirée, à laquelle je craignais que seule la productrice soit présente, et où non seulement Paul Thomas Anderson, mais Joaquin Phoenix himself ont pointé le bout de leur nez pour nous présenter le film. Avec un Joaquin égal à lui-même, étrange et drôle, pour soutenir le film fou, superbement écrit et filmé et assez hilarant de PTA.

Cela vaut mieux que raconter en détail la projection d’ « Il est difficile d’être un dieu ». Quoi que. Si je me délectais à vous décrire tous les états par lesquels je suis passé à la découverte du film d’Alexeï Guerman, une épique aventure moyenâgeuse russe de 2h50 en noir et blanc, je suis sûr que je pourrais décrocher quelques sourires. Après tout j’ai scruté, tenté de pénétrer dans le film, somnolé, hoqueté devant les éviscérations et énucléations (bon appétit) avant de sortir heureux. Heureux parce qu’une certaine forme de souffrance s’achevait, mais aussi heureux d’avoir découvert sur grand écran un film pareil, qui quoi qu’il en soit restera longtemps imprimé dans ma rétine Et mine de rien cela compte énormément, vivre une expérience cinématographique rare dont on se souviendra longtemps, quand tant de films plus faciles à regarder seront oubliés avant que le mot « Fin » ne tourne la page 2015.

Le mot fin, tiens. Cela me fait penser au générique qui clôt « Une histoire américaine » d’Armel Hostiou. La voix de Vincent Macaigne,  coscénariste et protagoniste du film, y énumère l’intégralité des informations dudit générique, les expliquant presque. Quel acteur jouait quel rôle. Quel morceau de musique était joué à quel moment du film. Quelle personne est remerciée et pourquoi. Un geste généreux, simple et jubilatoire.

Maintenant il est trop tard pour choisir un seul de ces moments. Restons-en là. En n’en choisissant aucun, je les choisis tous.

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