mercredi 28 janvier 2015

« Hill of Freedom » : rendez-vous avec la douce musique du cinéma de Hong Sang-soo

Il y a quelque chose de tout à fait « Hong Sang-sooesque » à écrire sur les films de Hong Sang-soo, comme une drôle de mise en abyme entre son œuvre et ce que l’on en ressent. Ses films reviennent à un rythme inéluctable. Ils sont des explorations continues d’histoires familières, inlassablement examinées sous le prisme de ce qui a été fait avant. Ses films sont des boucles où le temps et les sentiments s’entremêlent, et à mesure que le cinéaste navigue dans cet entrelacs de récits familiers selon des angles, des schémas et des personnages qui varient, les lignes de ceux qui écrivent épousent ces boucles familières, ces contextes et ces cadres semblables au premier regard, mais qui se distinguent pourtant bien de film en film.

Aimer  le cinéma de Hong Sang-soo c’est aimer ce qu’il peut y avoir d’imprévisible dans ce que l’on connaît, ou croit connaître. Aimer le faux-semblant qu’est l’apparente routine - qui n’est en fait qu’une illusion. Le cinéma de Hong Sang-soo est un cinéma de paradoxes, en premier lieu desquels se trouve la liberté affichée et revendiquée d’une certaine improvisation, qui trouve tout son sens dans le caractère obsessionnel du cinéaste. Liberté et obsession pourraient ne pas faire bon ménage, l’une des forces du cinéma de Hong Sang-soo se révélant pourtant dans la conjonction de ces deux traits, qui lui permet d’enrichir son cinéma film après film, de creuser ses thématiques fétiches en leur trouvant de nouveaux terrains de jeux, de nouveaux visages, de nouveaux mots. Pour montrer à chaque film, l’air de rien, que si le corps de son cinéma demeure, son visage évolue.

C’est un exercice fascinant, et l’œuvre qui en découle est passionnante. A l’image de « Hill of Freedom », son dernier film en date, récompensé récemment de la Montgolfière d’Or au Festival des 3 Continents à Nantes, où se tissent triangle amoureux, recherche nostalgique d’un passé qui s’efface, et rencontres fugaces dans les ruelles du nord de Séoul et autour de quelques verres de soju. Fugaces comme le film lui-même, qui ose ne durer qu’à peine plus d’une heure, et qui en si peu de temps parvient à dessiner ses personnages et les sentiments qui les habitent sans précipitation aucune. Derrière l’exercice de style, du réel, de la vie naissent de cette valse-hésitation narrative dans lequel un japonais vient à Séoul afin de retrouver une femme qu’il admire et aime, pour se rendre compte qu’elle est absente. L’étranger s’installe alors dans le quartier pour guetter le retour de celle qu’il est venu trouver, et noue des relations inattendues.
Qu’il est bon de retrouver chaque année Hong Sang-soo. Celui-ci sortira en salles en mai prochain.

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