mardi 28 juin 2011

Pater, même sans la reconnaissance cannoise...

C’est un film d’Alain Cavalier. Un cinéaste qui ne m’avait jamais attiré. C’est un mélange des genres, du documentaire et de la fiction, qui déconcerte. Le réalisateur joue à être un Président de la République, et un acteur populaire son Premier Ministre. Et puis la scène d’après, chacun redevient soi devant la caméra. C’est un film qui raconte le tournage d’un film en montrant le making of en même temps que le film obtenu. Avec une liberté et une fraîcheur incomparable. C’est un pari cinématographique autant qu’un acte politique. Un film sur le cinéma et son pouvoir en même temps qu’un cri de révolte contre l’état actuel de la France, de la société, de la politique. Du monde. C’est une collaboration et une complicité, une totale confiance entre un cinéaste et son acteur. Un Vincent Lindon que l’on pourrait croire déplacé chez Alain Cavalier mais qui pourtant s’y révèle sous un jour nouveau, devant la caméra d’un réalisateur fasciné par l’acteur et par l’homme qui lui donne la réplique.

C’est un film incroyablement ambitieux, qui ne se laisse barricader par aucune réserve, qui bouscule les conventions cinématographiques par sa forme mais aussi par sa volonté de s’immiscer dans la peau du pouvoir. Avec une distance évidente, et pourtant, aussi, une intimité qui fascine. Car c’est aussi un film sur ceux qui le font, un portrait personnel et presque involontaire d’Alain Cavalier et Vincent Lindon. On y rit. Un peu. Beaucoup même. On est fier, peut-être, qu’un tel film puisse se faire en France, hors norme, un film de réflexion, un film d’ambition, un film de révolte et pourtant aussi un film d’amusement, où l’on se plait à voir Vincent Lindon se perdre dans les méandres de son identité, entre l’homme et l’acteur qu’il est, et le politique qu’il devient fictivement et se convainc presque qu’il est réellement.

C’est un film comme aucun autre ce Pater. Un film qui ose comme aucun autre. Et qui marque comme aucun autre. Le jury cannois était peut-être trop international pour totalement discerner le film d’Alain Cavalier. Ou bien la compétition était-elle vraiment exceptionnelle cette année, pour que le film n’ait reçu aucune récompense. Mais c’est un grand film, un film qui restera, et c’est finalement ce qui compte le plus.

2 commentaires:

Phil Siné a dit…

eh bien moi j'ai de plus en plus l'impression d'etre passé complètement à côté... ce pater m'a un peu moins fait ch... que le précédent cavalier, mais tout de même ! :)
pourtant, la critique est unanime... je culpabilise presque... ;)

David Tredler a dit…

Justement j'avais peur que ce soit un film que la critique encense et qui me laisse dubitatif et ennuyé comme tu sembles l'avoir été... et finalement, tu vois !
Mais ne culpabilise surtout pas, ça serait horrible si l'on devait culpabiliser pour nos goûts cinématogrpahiques ;)

over-blog.com