mardi 31 mai 2011

Very Bad Trip 2 : to scratch or not to scratch ?


Parfois je me pose des questions. Je me demande si c’est moi qui en demande trop aux autres. Si je ne pousse pas le bouchon un peu loin. Si finalement, ça ne serait pas moi l’emmerdeur. Parfois je me demande ce que les autres voient dans une séance de cinéma. Ce qu’ils en attendent, comment ils aiment la vivre. En attendant de pouvoir répondre à ces questions à deux balles qui en valent des millions pour moi, je continue à m’énerver, ou à m’indigner pour employer l’expression de Stéphane Hessel. Oh non, cette indignation-là n’a rien à voir avec celle des espagnols. La mienne est purement liée à la religiosité que j’insuffle dans mon rapport aux séances de cinéma. La mienne tient dans la constatation régulière et décourageante du comportement égoïste et je-m’en-foutiste de certains spectateurs.

Je sais je radote un peu, mais tant que le radotage ne portera pas ses fruits sur mes congénères spectateurs, je persisterai. Ce vœu pieu est un comble pour l’athée que je suis, mais on peut toujours rêver. L’expérience qui déclenche ici cette nouvelle saillie – bah oui, ça ne sort pas de nulle part – s’est tenue dimanche soir devant Very Bad Trip 2, la suite de la comédie surprise de 2009 qui avait, fait rare pour une comédie américaine, fait hurler de rire le box-office français. Si je m’amusais dans la queue à penser que la thaïlandaise qui discutait devant moi avec ses deux amis était en fait un homme (sa voix laissait largement planer le doute, et ses mains aussi), mon problème du soir s’est trouvé assis à ma gauche dans la salle.

Un grand brun à lunettes, casque à la main, venu avec deux potes apparemment, l’air un brin bobo et cool. Pas le type de spectateur qui fait hurler mon radar à emmerdeurs, mais apparemment, mon radar était grippé ce soir-là. Le premier truc qui m’a gonflé chez lui, c’est sa faculté à étaler amplement ses jambes au-delà de son accoudoir (notre frontière !), et à leur imprimer un régulier mouvement balancier de gauche à droite, cognant inlassablement sa jambe contre la mienne sans que ça le gêne le moins du monde. C’était les pubs, je suis plus tolérant pendant la mise en bouche du film, donc j’ai laissé faire. Le film commencé, il gardait ses aises, mais en étant moins remuant.

Et puis, je me suis mis à entendre un scratch. Ce bruit familier qui peut être causé par tout et n’importe quoi, des chaussures réajustées, un portefeuille qui s’ouvre. J’ai eu l’impression que le bruit venait du rang de devant, je me suis penché un peu pour voir d’où venait ce bruit qui semblait ne pas vouloir s’arrêter. Et le bruit s’arrête. Bon, tant mieux. Je me replonge dans le fil de la comédie de Todd Phillips, qui au passage se résume à un remake en Thaïlande du premier opus, donc sympa, donc parfois drôle, mais donc aussi sans franche surprise, sans saveur ajoutée, sans aucune chance de marquer durablement les esprits, malgré une virée dans un strip club trans éveillant des souvenirs traumatisants (mais hilarants pour nous) à l’un des personnages.

Tandis que je m’amusais gentiment donc des aventures de Phil, Stu, Alan et leur singe dealer, le scratch reprit son bruit entêtant, obsédant, agaçant. Quelqu’un autour de moi s’amusait à coller et décoller un scratch, une fois, deux fois, trois, quatre, dix, quinze fois. J’étais tellement persuadé que le bruit venait de devant qu’il m’a fallu plusieurs minutes pour comprendre que ce harassant scratch venait de mon voisin de gauche, et de son casque de scooter. Le mec s’emmerde-t-il ? Non, il a l’air de bien se marrer, mais régulièrement, il attrape le scratch du casque, et le colle, décolle, recolle. Comme s’il était seul avec ses potes, comme s’il était chez lui, comme si la salle n’était pas pleine et que je n’étais pas juste à côté de lui, à tolérer déjà ses jambes invasives.

Après avoir fait preuve de patience, je n’y tiens plus et me tourne vers le mec en lui balançant un « Oh ! » réprobateur pensant qu’il comprendra de quoi il retourne et me laissera continuer à profiter du film. Mais non. Ca ne suffit pas. Le mec est soit aussi naïf qu’une carotte, aussi lent qu’une tortue ou tout simplement con comme ses pieds. Difficile de déterminer sur le coup. Toujours est-il qu’à mon « Oh ! », mon voisin me regarde alors droit dans les yeux, benoitement, et me dit « Pardon ? Quoi ? ». J’ai horreur qu’on me parle pendant un film, alors sa remarque a le don de m’énerver. « C’est bon là le scratch ! ». « Quoi ? » répond-il encore.
« Le bruit du scratch là, j’essaie de regarder le film.
- Ah bon ? Ah bah fallait le dire.
- Bah je le dis là.
- Je pouvais pas savoir.
- Ca me parait évident pourtant ».
Fin de la discussion qui n’aurait même pas dû être. Je vois le mec se pencher vers le pote à sa gauche et lui murmurer quelque chose, sûrement qu’il a un chieur à côté de lui, j’en sais rien et je m’en fous. Tout ce que je constate, c’est que j’ai raté une scène du film pendant que monsieur scratchait et me racontait sa vie. Heureusement que Very Bad Trip 2 est un film léger, j’arrive ensuite à me replonger dedans sans trop de difficulté malgré l’énervement ambiant.

J’ai beau être maniaque, je comprends que l’on fasse des petits bruits anodins, de façon ponctuelle, devant un film. Mais qu’on soit capable de jouer inlassablement avec un scratch de façon bruyante dans une salle de cinéma, et que l’on s’étonne ensuite que cela puisse gêner les autres, en regardant son voisin comme si c’était lui l’emmerdeur, c’est gonflé. D’autant que 20 minutes plus tard, monsieur recommençait à jouer avec son scratch. J’ai été à deux doigts de m’énerver, j’ai attendu, et finalement c’est son deuxième pote qui lui a demandé d’arrêter. Ouf, je ne suis pas fou.

11 commentaires:

I.D. a dit…

Et de un ! Un de plus ! Purée David, y a des jours, je ne sais comment je parviens à garder mon calme. S'il n'y avait que la salle de cinéma mais c'est malheureusement partout ! Mais ici, on ne parle pas de "partout". On parle de la sacro-sainte salle de cinéma. Punaise. Je ne comprendrais jamais ce genre de personne. Le besoin qu'elle a de faire ça. Pire qu'un gamin a qui tu fais la leçon et qui joue avec son stylo. J'ai pas été ce prof' mais j'ai été ce gamin et j'étais un sacré sale connard, disons-le (excusez pour le gros mot). Et je peux dire une chose l'ayant été et l'étant toujours d'une certaine façon. Ce type est un connard ! C'est dit. Sans ça, un truc m'interpelle, cette phrase :

"la thaïlandaise qui discutait devant moi avec ses deux amis était en fait un homme"

Et bah p*tain ! Tu t'offres même un lady boy dans ta salle de cinoche, ça c'est quelque chose. ;) Question : y en avait-il dans le film ? Tout film thaï ou qui se passe en Thaïlande se doit d'avoir un lady boy sinon c'est pas thaï. ^^ J'avais bien aimé le 1er opus. Je ne pense pas que j'irai voir celui-ci au cinéma. J'attendrais sa sortie DVD. Je me méfie de ce genre de suite...

David Tredler a dit…

Tu me rassures I.D., je ne suis pas le seul à m'agacer d'un tel comportement alors !
Pour ce qui est de thaïlandaise à voix suspecte, il y en a plus d'une dans Very Bad Trip 2, effectivement. Sous toutes les coutures ! Et ça donne lieu à la scène la plus drôle du film, pour tout te dire ;)

Pierre a dit…

Dans le genre expérience à la con comme ça, je suis retourné voir Tree of Life et j'ai eu droit à un couple qui commentait le film à haute voix. En plus ils n'aimaient pas le film et ne faisaient que râler ("rohlala si c'est comme ça tout le long je vais pas rester" -> bah oui, casse-toi !!!).

Cela dit même à Cannes (surtout à Cannes ?), le public c'est pas ça non plus. Entre ceux qui huent le film avant même le générique de fin (Tree of Life) et la masse qui se barre de la séance 5 minutes avant la fin (je maudis les 4 personnes de ma rangée qui m'ont gâché le superbe final de Drive en stagnant devant moi, limite m'obligeant à me lever pour eux)...

David Tredler a dit…

J'aurais pas supporter des commentateurs raleurs devant Tree of Life, Pierre ! Effectivement, s'ils sont pas content, ils peuvent toujours s barrer et éviter de gâcher le film aux autres.

Cannes, j'ai toujours imaginer qu'en effet, c'est pas un public très calme devant les films, ça ne me surprend pas !

Philippe B. a dit…

Moi, je suis partisan de la méthode "Scary movie". je suis sûr que tu te souviens de la scène. Sans être allé jusque là, ça m'a démangé plus d'une fois...

David Tredler a dit…

Je me souviens tout à fait de la scène Philippe (c'était dans le 2 je crois, même^^), et je comprends que l'idée ait pu te traverser l'esprit !!

Alice In Oliver a dit…

pas vu mais déjà que je trouve le 1er très surestimé, donc pas trop envie de voir cette suite.

I.D. a dit…

Vu ! Plutôt sympa. J'ai moins bien aimé que le 1er opus, sans doute l'effet de surprise qui n'était plus là. Finalement je m'attendais à une surenchère (que je considérais presque obligé après le 1er volet) dans l'action qui n'était pas là. Je ne sais pas si c'est moi mais j'ai trouvé cela "soft" en fait. Enfin, façon de parler hein ? Parce que le passage avec le lady boy c'était franchement poilant. Le meilleur comme d'hab' restant les diapos de générique. Une comédie correcte qui fait passer un agréable moment. Zach Galifianakis est toujours aussi bon ! ^^ Et une spéciale pour le p'tit singe. :)

David Tredler a dit…

La séquence avec le Lady Boy est clairement la meilleure du film. J'en pleurais. Mais c'est ptet la seule scène franchement hilarante du film. Pas mal. Pas énorme.

Aurore a dit…

T'as quand même l'air d'un emmerdeur !! lol
Et sinon, ton avis sur le film ? :=)

David Tredler a dit…

lol
Je sais, je suis maniaque et passionné et j'en attends trop des autres êtres humains qui vont au cinéma ^_^
Le film ? Pas mal, c'est drôle, mais c'est un remake en Thaïlande du 1er, donc à l'intérêt finalement très limité. Sauf une scène avec des transsexuels qui est absolument hilarante !

over-blog.com