vendredi 1 octobre 2010

T'étais passé où, Pete Postlethwaite ?!

La première fois que je t’ai aperçu au cinéma, Pete, tu ne faisais que traverser anonymement Le Dernier des Mohicans de Michael Mann, il y a 18 ans. Tu approchais déjà des cinquante ans, mais l’acteur formé au classique que tu étais n’avait pas vraiment de carrière au cinéma sinon des troisièmes rôles comme celui de l’Alien 3 de David Fincher. Pourtant me voilà aujourd’hui à me demander où tu étais passé ces derniers temps, parce que l’air de rien, tu avais réussi à t’imposer comme un second rôle essentiel dans des films clés des années 90, alors que je commençais à abreuver mon adolescence en films.

Tout ça c’est un peu (beaucoup) grâce à Au Nom du Père. Le film de Jim Sheridan t’avait valu une nomination à l’Oscar du Meilleur Second rôle, au côté de Daniel Day-Lewis, un coup de projecteur qui t’a ouvert de belles portes. Tu étais bouleversant en père emprisonné et impuissant. Ton visage si particulier s’est gravé dans de nombreuses mémoires. L’enchaînement s’est fait avec talent.

Des geôles irlandaises tu es passé à l’intransigeance presque robotique du célèbre Kobayashi de Usual Suspects. Je te revois encore dans l’ascenseur, impassible lorsque tes deux compagnons se font descendre. Je te revois, transformé en homme de foi moyenâgeux, chevauchant au côté de Dennis Quaid dans Cœur de Dragon (désolé de la référence mais j’avais 14 ans), peu avant d’incarner le prêtre aidant malgré lui les amants du Romeo+Juliette de Baz Luhrmann à se séparer pour l’éternité.

Je me souviens qu’à l’époque, tes films semblaient venir par paires. Après le doublé avec Daniel Day-Lewis vint ainsi le doublé avec Ewan McGregor. Les virtuoses, ces ouvriers anglais s’échappant par la musique, et Le baiser du serpent, l’unique réalisation du brillant directeur de la photographie Philippe Rousselot. Puis le doublé Steven Spielberg, rien que ça. Bon, tu n’es pas tombé dans les meilleurs films du cinéaste, mais tout de même, tu as pu enchaîner Amistad et Le Monde Perdu, dans lequel tu t’amusais en chasseur de dinosaures. A quelle vitesse t’es-tu ainsi rendu incontournable ! Les six derniers films cités sortirent en l’espace de deux ans !

C’est peu après que tu as commencé à te faire plus rare. Toujours tu continuais à tourner, mais dans des longs-métrages s’exposant moins. Il y a bien eu Terre-Neuve de Lasse Hallström où tu retrouvais ton boss Keyser Söze, en 2001, puis un sursaut inattendu lorsque tu es apparu dans le remake américain de Dark Water et le brillant The Constant Gardener de Fernando Meirelles, en 2005. Mais globalement, les années 2000 ne t’ont vraiment pas fait briller. Tu semblais loin, caché, disparu. Loin de l’Amérique, sûrement. Loin de nos écrans, malheureusement.

Et puis te revoilà, surgi de l’ombre. A quoi voit-on que tu te cachais dans l’ombre ? Tu reviens par la petite porte d’un Solomon Kane de seconde zone, le genre de film qui aurait pu ne sortir qu’en DVD. Mais bientôt, tu pointes le bout de ton nez en père adoptif de Persée dans Le choc des Titans. Oui bien sûr le film est presque aussi dispensable que Solomon Kane, mais celui-là a le mérite d’être un évènement et de faire le plein d’entrées. Mais la sonnette d’alarme est désormais enclenchée. Attention, Pete Postlethwaite n’a pas disparu.

Et de quelle manière reviens-tu finalement ! Ce père milliardaire mourant qui repousse Cillian Murphy dans Inception, le blockbuster hollywoodien le plus frais et intelligent de l’été ? Mais… mais… c’est toi !! Ton visage s’est creusé, tes rides se sont affirmées, mais te voilà au bon endroit, au bon moment. Comme en ce mois de septembre, décidément. La dernière fois que je t’ai aperçu au cinéma, il y a quelques jours, tu contrôlais la pègre d’un quartier chaud de Boston du fond de ta fleuristerie. Coupant les épines tout en menaçant ton réalisateur Ben Affleck de lui couper autre chose s’il ne se pliait pas à la loi du quartier. Te revoilà à faire l’irlandais, 17 ans après Au nom du père et ton éclat qui était apparu dans la nuit prisonnière. The Town. On ne t’y voit pas dans plus de trois scènes, mais c’est bien suffisant pour espérer que tu ne disparaisses pas de nouveau pour plusieurs années, et pour se poser la fameuse question... Mais t’étais passé où, Pete Postlethwaite ?

3 commentaires:

selenie a dit…

Voilà un bien bel hommage... Un grand acteur à coup sur... Ces deux premiers rôles importants étaient aux côtés de Daniel Day Lewis, un signe sans doute...

Madame Sophie a dit…

J'aime beaucoup cet acteur...

David Tredler a dit…

Content de voir que je ne suis pas le seul à grandement apprécier ce bon vieux Pete...

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