dimanche 3 octobre 2010

J'ai aimé "Les amours imaginaires"

J’ai découvert que le premier film de Xavier Dolan, l’excellent J’ai tué ma mère, n’était pas un miracle. Ce n’était pas le coup de chance d’un gamin de 19 ans. C’aurait pu l’être si le gamin de 20 ans qu’il était un an plus tard n’avait pas écrit, réalisé, interprété et produit Les amours imaginaires (et encore, je n’ajoute pas qu’il s’est occupé des costumes et du montage).

J’ai aimé. C’est tellement simple et bête à écrire qu’on ne l’écrit que trop rarement. J’ai aimé Les amours imaginaires. J’ai aimé cette caméra glissant avec soin, lenteur, désir sur les corps de ses interprètes. J’ai aimé la lenteur oui. L’amour décrit au ralenti. Les sentiments naissant avec une douceur éclatante. J’ai aimé la pudeur des sentiments que l’on n’ose avouer, et qui ne s’expriment jamais mieux que par les silences et les gestes. J’ai aimé tout ce qui se dit sans parole. J’ai aimé la beauté triste de Xavier Dolan acteur et celle surannée de Monia Chokri. J’ai aimé l’amitié jalouse et pourtant fidèle.

J’ai aimé la verve de ces intermèdes irrésistibles sur les affres de l’amour, qui s’invitent régulièrement au cours du film, leur justesse de ton et l’acuité des sentiments décrits.
J’ai aimé Dalida –avais-je jamais aimé Dalida ? – faisant résonner inlassablement « Bang Bang » dans les rues et les appartements de Montréal. J’ai aimé voir Wong Kar Wai et Hou Hsiao Hsien dans le cinéaste qu’est Xavier Dolan, faisant d’un mouvement et d’un regard un cinéma qui nous rappelle le Hong Kong ou le Taïwan années 60 des cinéastes chinois, cette même élégance, cette même obsession du style qui traverse le film.
J’ai aimé l’amour et l’amitié vus par Dolan. La beauté et la tristesse. J’ai aimé l’amour impossible, l’amour non partagé. J’ai aimé.

3 commentaires:

selenie a dit…

J'ai particulièrement été impressionné par l'incroyable Monia Chokris qui a pour moi tout d'une très très grande. C'est d'ailleurs les femmes qui sortent du lot dans ce film les seconds rôles n'étant pas en reste. Il y a juste Nicolas joué par Niels Schneider qui déçoit en bel éphèbe mais qui manque de talent dans le jeu pur, reste trop "inerte". Le point fort de Dolan reste la mise en scène avec des plans (Dolan en gros plan qui verse une larme sur l'épaule de son amant) et des scènes de grandes beautés (les ralentis sur le couple d'amis Dolan-Chokris) mais les dialogues sont aussi impressionnants de par leur intelligence et leur poésie, le tout ne manquant pas ni d'humour ni de mélancolie.

Phil Siné a dit…

les amours "impossibles" ?
très beau billet en tout cas, d'un amoureux de l'amour de l'amour... ;)
mais au-delà du style et de l'amour impossible, il y a aussi bcp d'ironie dans ce film, et moi j'ai aimé AUSSI cette ironie là ! :)

David Tredler a dit…

Oooops, j'ai corrigé, je me suis laissé emporté par l'impossibilité de voir ces amours aboutir jusqu'à modifier le titre du film !
Merci Phil ;)

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