Si le sujet abordé ou le talent du cinéaste derrière la caméra sont des moteurs déterminants dans le désir que l’on éprouve à voir un film, les acteurs sont une incontournable vitrine, parfois le petit plus qui nous aide à faire nos choix, d’autres fois l’argument principal de notre envie. Prenez mon week-end ciné. Deux des films que j’ai vu ce week-end, Legion de Scott Stewart et White Material de Claire Denis, n’auraient peut-être pas fait partie de mes intentions cinéphiles du moment (quoi que certains aient du mal à voir une marque de cinéphilie dans le désir de voir Legion) s’ils n’avaient comptés à leur générique deux comédiens qui me tiennent à cœur.
En y réfléchissant, j’aurais probablement de toute façon vu Legion - l'armée des anges, parce qu’une série B dans laquelle l’ange Michael désobéit aux ordres du Tout-Puissant de propager l’Apocalypse sur Terre, préférant se cramer les ailes et descendre défendre l’humanité symbolisée par un petit groupe hétéroclite de beaufs dans un bouiboui du désert américain, ça plait à l’amateur d’atmosphères de fin du monde que je suis. D’autant que la bande annonce nous vendait un affrontement monstrueux entre Michael et sa poignée de protégés contre l’obéissant ange Gabriel, en armure, l’air mauvais, et accompagné en masse.
Bref un programme de série B bien sympa, qui était sur mon radar dès l’annonce de la mise en chantier du film par la simple présence au générique de Dennis Quaid, qui fait partie de ces acteurs dont je vais voir tous les films quels qu’ils soient. Y a des acteurs comme ça, ça ne s’explique pas forcément, et pour moi Quaid en fait partie. Je n’ai raté aucun de ses films en salles depuis 10 ans, et pourtant croyez-moi, le bonhomme a fait des films bien dispensables (Une famille 2 en 1, Les Cavaliers de l’Apocalypse et GI Joe, c’est vous que je regarde !)…
Quaid m’a donc entraîné au Publicis pour voir Legion, dans lequel l’acteur texan campe le propriétaire du bouiboui dans lequel débarque Michael, quinqua usé et désabusé qui sied étrangement mal à Quaid qui en fait des tonnes dans le rôle. La bonne surprise du film, que j’avais presque oublié, c’est la présence de Paul Bettany sous les traits de l’ange déchu. L’anglais frêle au physique à la fois doux et inquiétant fait partie d’une espèce d’acteurs très rare, ceux qui sont bons quoi qu’ils fassent. Quelle que soit le film dans lequel ils apparaissent, du film de luxe à la plus insignifiante série B (dans laquelle ils sont généralement ce qu’il y a de mieux dans le film), ils assurent. Ce n’est vraiment pas donné à tout le monde, et c’est ce qu’apporte toujours Bettany. Je me souviens d’ailleurs qu’il était déjà la seule chose que j’avais apprécié dans le premier film que j’avais vu avec lui, l’inepte Un homme d’exception de Ron Howard.
Dans Legion, Paul Bettany est bien ce qu’il y a de mieux. Il serait un peu fort de dire la même chose de l’acteur qui m’a poussé à aller voir White Material ce week-end. Car le film de Claire Denis est un bon film en soi, contrairement à Legion qui n’est qu’une petite série B. Isabelle Huppert joue la gérante d’une exploitation de café dans un pays d’Afrique en pleine explosion rebelle, menaçant l’exploitation et tout ceux qui y travaillent. Film sensoriel, joliment éclaté dans la forme, économe de mots et juste sur le fond, White Material séduit malgré l’entêtement d’Huppert à camper des personnages souvent peu appréciables, ici froide, peu sympathique et dont l’apparente force cache une déconnexion totale avec la réalité. Elle est une femme aveuglée par son quotidien et ses habitudes, si aveuglée qu’elle ne prend pas conscience que son monde s’effondre, malgré le comportement inquiétant de son fils, malgré les avertissements de son ex-mari.
L’ex-mari, justement, c’est lui qui m’a attiré dans la salle. Christophe Lambert, l’homme qui aimait tant les séries B et tente ces derniers temps de les troquer contre des films plus pointus. L’ancien espoir international du cinéma français, mué au fil du temps en acteur à nanars, a toujours eu mon affection sur grand écran, et c’est avec plaisir que je me délectais de le voir dans un rôle plus ambitieux, bien que secondaire, que ceux dans lesquels il s’était enfermé ces 15 dernières années. Et qui plus est pour une cinéaste française marquée du sceau du cinéma d’art et essai.
En ex-mari d’Huppert, protecteur, les pieds sur terre, mais inquiet, Lambert est irréprochable. Le personnage, sympathique de prime abord car d’apparence plus posé, révèle des failles que l’acteur incarne avec justesse. Si Dennis Quaid ferait bien de délaisser un peu les séries B futiles dans lesquels il s’affiche un peu trop depuis quelque temps, Christophe Lambert serait bien avisé de continuer à afficher sa présence dans un cinéma français qui a certainement de beaux rôles à lui offrir, mêmes secondaires. Réfléchissez-y messieurs…
4 commentaires:
> ça plait à l’amateur d’atmosphères de fin du monde que je suis.
Voilà un billet qui pourrait être intéressant à réaliser pour l'I.B.C. Les films les plus cultes ou marquants pour toi dans ce domaine. ^^ J'en suis également fan de ce genre d'atmosphère, c'est pour cela que je t'interpelle à ce sujet, cela va de soit.
Lambert ! Encore lui ! C'est pas po-ssi-ble ça. No comment. ;)
Pourquoi pas, ça peut être une bonne idée, je vais noter cette idée dans un coin et la laisser murir ;-)
Lambert, bah oui. Forcément, puisqu'il est excellent là-dedans, comment ne pas le mettre en lumière ?^^
Ah oui, les atmosphères de fin du monde, je suis fan aussi, et plutôt deux fois qu'une !
Du coup je me demande si je vais aller voir Legion... (j'aime beaucoup Paul Bettany)
Si tu aimes les atsmophères de fin du monde et Paul Bettany, Stella, je pense que tu vas y aller, voir ce "Legion"... A ta place j'irais, même si le résultat est peu fameux.
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